Nous entendons tous de temps à
autre cette petite voix pressante, celle de notre critique intérieur, qui nous dénigre. Comment en faire un ami ?
Qui n’a jamais entendu cette
petite voix le fustiger avec des commentaires tels que « Tu es un incapable, tu
n’as aucun talent, tu n’es qu’un paresseux, tu n’es pas drôle, tu n’as rien de
séduisant », et ainsi de suite ?
Tout le monde possède un critique
intérieur, car nous avons tous des souvenirs, aussi bien conscients
qu’inconscients, de toutes les fois où d’autres personnes nous ont critiqué et
où nous nous sommes senti incapable ou stupide. Ce sont les cicatrices de notre
enfance, durant laquelle est apparu notre critique intérieur. Notre voix
intérieure nous parle tout le temps. Et lorsqu’elle devient critique à l’excès,
nous rabaissant sans cesse, encore et encore, nous finissons
par perdre notre estime de soi.
Il existe deux écoles quant à la
manière de résister au critique intérieur. Pour l’une, il faut lui dire de se
taire, lui opposer une pancarte « Ne pas déranger », lui hurler dessus, se
mettre en colère contre lui…
D’autres, à l’inverse, et selon
nos valeurs, pensent que dire à son critique intérieur de se taire et autres
rudoiements – lesquels, fondamentalement, s’adressent
à nous-mêmes – constituent des solutions superficielles
et à court terme, qui ne guérissent rien du tout. Une voix intérieure qui nous
critique en permanence est l’expression d’une faible estime de soi. Il semble
donc préférable de remonter jusqu’à la racine du problème.
Il est important qu’une autre voix
intérieure prenne la parole et, au vu de ces forces, commence à nous dire que
nous sommes quelqu’un de bien et d’agréable, doté de talents spéciaux. Cela
signifie que nous devons commencer à faire
la paix avec notre critique intérieur et à accepter la personne que nous sommes
vraiment – avec toutes nos failles et toutes nos qualités.
Se réconcilier avec un critique
intérieur négatif à l’excès et méprisant en permanence constitue une manière
positive de s’en débarrasser.
Comme l’a fait remarquer Abraham
Lincoln : « N’est ce pas détruire mes ennemis que d’en faire des amis ? »
Faire la paix avec notre critique
intérieur exige, bien sûr, que nous commencions à apprécier notre propre compagnie
– ce qui va bien au-delà de la compréhension et du respect de nos forces, car
le respect n’engendre pas forcément l’amitié.
Nous devons aussi commencer à
apprécier le type de personne que nous sommes. Et si nous ne nous apprécions
pas vraiment aujourd’hui, cela provient probablement, comme nous l’avons déjà
mentionné, des critiques destructrices émises à notre encontre par d’autres
personnes – essentiellement durant nos jeunes années, alors que nous étions
très vulnérables.
À l’époque, nous étions très
impressionnables, et nous nous sommes approprié ces remarques, continuant à
nous les répéter jusqu’à ce que la perception des autres devienne réalité –
bien ancrée dans notre système de croyances.
Peut-être ces critiques et
moqueries étaient-elles justifiées à l’époque, mais
il est bien connu que nous tendons à être notre
plus sévère critique. Ce que nous nous
disons aujourd’hui à nous-même fait probablement plus mal que ce qu’avaient à l’esprit ceux qui
nous ont critiqué les premiers. Et si effectivement
ceux-ci avaient l’intention de nous
blesser, peut-être bien qu’ils cherchaient à se blesser eux-mêmes en blessant une personne qui leur
était proche.
Quoi qu’il en soit, il est clair
qu’il ne rime à rien de continuer à vivre sous un feu de critiques féroces et
désobligeantes : non seulement cela affaiblit nos défenses contre le doute et
la peur, mais cela peut aussi, par moments, nous rendre vraiment malheureux. Il
est également évident que nous avons quasiment tous envie d’être
en bons termes avec nous-même. Car, en fin de compte,
c’est nous qui devons résoudre nos problèmes et, dans ces moments-là, nous ne
pouvons compter que sur nous-même.
Comment nous y prenons-nous pour
devenir l’ami de quelqu’un ?
Comment lui montrons-nous que
nous l’apprécions ? Généralement en :
– lui faisant des compliments
– prenant le temps de l’écouter
quand il a des soucis
– lui offrant un cadeau de temps
en temps
– lui vouant une amitié
inconditionnelle, mais sans complaisance
Si c’est ainsi que nous nous comportons
avec nos bons amis, c’est aussi la manière la plus honnête, la plus
authentique, la plus directe – et la seule – de devenir notre propre ami.
Sous le feu roulant des attaques
de notre critique intérieur, nous n’avons guère pris l’habitude d’être généreux
et amical vis à vis de nous-même. La seule manière de faire un sérieux effort consiste
à nous comporter comme nous le faisons avec autrui.
Ainsi, aussi étrange que cela
puisse nous sembler au début, nous dire (et faire) ce que nous réservons habituellement
uniquement aux autres montre que nous sommes déterminé à prendre cette quête au
sérieux.
Par conséquent, forcez-vous s’il
le faut, et…
– soyez généreux avec vous-même
et faites-vous des compliments
– prenez le temps d’écouter votre
corps et votre esprit
– sur un coup de tête,
offrez-vous un cadeau surprise
– et, sans tomber dans la
complaisance, montrez-vous inconditionnel dans votre appréciation de vous-même.
1.
Soyez généreux avec vous-même et faites vous des compliments
La prochaine fois que vous serez
content de vous, soyez généreux avec vous-même. N’allez pas gâcher votre bonne humeur
en vous lançant dans ces lamentations intérieures sur ce que vous auriez dû faire
pour faire encore mieux.
Donnez-vous une petite tape sur
l’épaule (même simplement en pensée), dites «Bon travail ! » et restez-en là.
Il va vous en coûter de vous abstenir de toute autocritique, vous allez même,
peut-être, vous sentir hypocrite de vous montrer si accommodant envers vous,
mais considérez cela comme un investissement en vue d’une relation plus douce
avec vous-même.
2.
Prenez le temps d’écouter votre corps et votre esprit
Notre esprit nous parle sans
arrêt et, quand il juge la question importante et que nous n’écoutons pas, il
nous lance des signaux de détresse (par exemple un sentiment de malaise) qui,
si nous n’y prêtons pas attention, peuvent se transformer en symptômes
physiques intenses, tels que migraines ou maux de dos.
Soyez donc à l’écoute des
variations d’humeur ou douleurs physiques survenant sans raison apparente. Dans
ce cas, prenez le temps de vous asseoir, fermez les yeux, dites-vous à
vous-même que vous désirez connaître les raisons de cette saute d’humeur ou
douleur physique, et laissez votre esprit vagabonder librement dans toutes les
directions.
Faites cela de manière répétée.
Si cela ne donne aucun résultat, pratiquez la méditation et, avant d’entrer dans
la vacuité, c’est-à-dire l’espace entre deux pensées, dites vous que vous
désirez connaître les raisons de votre malaise, et n’y pensez plus. La réponse,
ou une indication de ce qu’il faut explorer, viendra tôt ou tard.
3.
Faites-vous un cadeau surprise
Notre premier exemple, dans lequel
vous vous complimentiez pour quelque chose dont vous
étiez fier, est aussi une bonne occasion de
vous faire un cadeau surprise. Pour vous surprendre, il vous faut agir sur un
coup de tête. Résistez à la tentation naturelle de vous trouver une excuse pour
vous acheter un nouveau pull ou un livre. Abandonnez-vous à cet instant et profitez-en, en vous
disant que vous faites cela pour le seul plaisir de le faire, parce que vous
êtes quelqu’un de bien, un vrai ami.
4.
Appréciez-vous sans conditions
La prochaine fois que vous ferez quelque
chose de stupide, au lieu de vous traiter de tous les noms, dites quelque chose
comme « D’accord, tu as vraiment été à côté de la plaque, pour telle ou telle
raison, mais ne t’inquiète pas : cela ne change rien à notre relation, tu feras
mieux la prochaine fois ».
Inconditionnellement ne signifie pas être complaisant ; cela signifie que vous êtes
capable de reconnaître une erreur et d’en trouver les
raisons, mais que
cela ne change rien à votre appréciation de vous-même.
Un bon contrepoids à cette
critique intérieure est de faire un bilan de valeurs, afin de mieux comprendre
ce qui nous motive. Etre proche de ses valeurs généralement fait taire notre
critique intérieure.
Et avec votre critique
intérieure, quelles relations entretenez vous?